Est-il encore possible de réussir dans l’artisanat aujourd’hui ? La question se pose.
Je vous propose aujourd’hui l’histoire de l’entreprise de ma compagne : La Fée Corsetée.
Il était une fois…
2006, nous sommes à Limoges.
Ma compagne vient de vivre une très mauvaise expérience dans son précédent job salarié.
Elle est désemparée et vraiment pas en forme.
Une nuit, alors que nous avons du mal à dormir, une idée germe dans nos têtes : pourquoi ne pas lancer une entreprise autour de sa passion ? Elle a suivi 2 formations (1 BTS modéliste et 1 Diplôme des Métiers d’Arts Costumière) qui lui permettent de pouvoir concevoir et confectionner ce qu’elle souhaite.
Cette entreprise est devenue « La Fée Corsetée » (création de corsets sur mesure) et fonctionne à merveille encore 13 ans plus tard.
1 test avant de se jeter à l’eau
Comme je l’explique dans cette vidéo, il est très utile de tester son idée d’entreprise AVANT de la lancer pour de vrai.
Pour se faire, je lui crée un site internet et commence à chercher des clients potentiels pour ce type de produits.
A cette époque, comme aujourd’hui, c’est le règne incontesté des productions industrielles délocalisées en Chine. On trouve les mêmes vêtements dans tous les magasins, mêmes couleurs, mêmes styles, mêmes fabrications par des enfants…
Nous nous rendons vite compte qu’il y a une demande de retour en arrière, vers plus de produits locaux, plus d’artisanat, de contact en quelque sorte, et surtout originaux !
Le véritable démarrage
Au lancement de la fée corsetée, le statut d’auto-entrepreneur n’existait pas encore (je vous aide à trouver votre statut juridique facilement ici).
Elle avait choisi le statut de micro-entreprise, le moins contraignant à l’époque.
Il y avait aussi le dispositif ACCRE (toujours d’actualité), qui permettait de ne pas payer de charges sociales la première année.
Je me souviens que la fée ne s’était pas versée de salaire pendant plus d’un an, nous vivions donc sur un seul salaire, mais le jeu en valait la chandelle ! Cela lui a permis de mettre chaque petit bénéfice de coté pour se créer une trésorerie.
La débrouille : au démarrage
Elle avait récupéré une machine à coudre industrielle d’occasion très peu chère, c’était vraiment la débrouille pour tout !
Au départ, le concept était de proposer des corsets sur mesure et de vendre des figurines de fées et de lutins, qui étaient à la mode.
En cumulant son savoir-faire créatif et mon expérience en création et surtout en promotion de sites web, nous avons démarré l’activité doucement (je lui donnais un coup de man). Au départ de façon très artisanale.
L’été 2006 s’est déroulé en faisant les marchés artisanaux du Limousin. Cela nous a permis de continuer de nous montrer et tenter de grandir.
On y allait avec quelques créations, un tréteau, une planche et deux chaises, ce n’était pas le Pérou, mais ce fût une belle période d’apprentissage ! Sur certains marchés, nous étions entre le saucisson et les émaux, quelle aventure ! Aller vers les gens, expliquer ce qu’elle faisait, c’est ainsi qu’elle a pris confiance en elle et qu’elle a su défendre son travail.
Cette période lui a forgé un véritable esprit entrepreneurial, une véritable école de commerce sur le tas.
Je me souviens d’une question des clients qui revenait sans cesse : « Où est située votre boutique ? ». Nous n’avions qu’un site internet, et nous sentions une demande de plus en plus grande pour une vraie boutique.
Un moment important qui a changé les choses
Un événement allait nous faire passer à la vitesse supérieure, le festival Trolls et Légendes de Mons, en Belgique.
Si vous êtes créatif et/ou que vous aimez l’univers « Héroïc fantasy », vous devez participer à ce festival, une expérience inoubliable !
Nous avons pris conscience ce week-end là que la Fée pouvait vraiment conquérir un public important. Nous avons enchainé les essayages, et fait un chiffre d’affaires plus important en 2 jours qu’en un 1 mois à l’époque !
La première boutique/atelier de la Fée
Après mûres réflexions, et vérification des comptes, la décision de louer un atelier pour tenter vraiment sa chance est arrivée d’elle-même.
Nous sommes partis en quête d’un atelier sur Limoges. Une ville agréable, bien que pluvieuse, mais avec peu de lieux intéressants et abordables pour une boutique.
Nous avions des règles très strictes sur le local (nous sommes très difficiles là-dessus) :
- Pas de droit au bail
- Pas de pas de porte
- Un loyer peu élevé
L’important, à ce moment-là, était la frugalité. Pas de frais inutiles, limiter les risques.
Avec ces critères drastiques, seul un particulier pouvait nous convenir.
Après plusieurs semaines de recherche et de visites, nous avons trouvé une petite boutique proche du centre commercial de la ville (le centre Saint martial).
Avec le recul, on peut dire que le point de bascule a eu lieu à ce moment-là. Elle ouvre officiellement sa boutique à Limoges. 25m², la machine à coudre, un mannequin, des portants de corsets, des fées, des trolls et des bouts de bois, des troncs au milieu. Une boutique de fée était née.
Cet atelier de création, le nouveau site web plus fonctionnel et notre envie nous ont mis sur la voie du succès, bien que relatif.
Une anecdote au sujet de cette installation à Limoges. Le premier jour d’ouverture, nous pensons qu’un premier client ouvre la porte dès l’ouverture. Nous l’accueillons et nous rendons compte rapidement qu’il s’agit en réalité d’un mendiant : Crise de fou rire incontrôlable après son départ, merci à lui, il nous a porté bonheur !
Faire la différence et premiers succès
Une fois installé, nous avons communiqué énormément sur l’aspect artisanal et « Made in France » pour faire décoller rapidement les ventes.
Nous avons obtenu rapidement notre premier passage TV sur France 3 Limousin, une consécration pour un entrepreneur (nos passages TV et presse sont disponibles sur le site internet de la fée.)
Cette boutique fonctionnait bien, avec deux activités distinctes : la création de corsets sur mesure et la vente de figurines féériques.
Mais bientôt, les choses allaient changer…
Il était temps de changer de cap
Au début de notre installation à Limoges, nous étions dans la mode des figurines de fées, dragons et autres lutins.
Cette mode s’est cependant vite essoufflée. Malgré la boutique réelle, plus une boutique en ligne créée pour en vendre davantage, les ventes diminuaient rapidement.
Ses figurines étaient d’une fragilité sans nom et devenaient de moins en moins « tendance ». Une décision s’imposait : Soit continuer d’investir en espérant un retour, soit passer à autre chose.
Il est important de bien sentir ces moments cruciaux. Si l’une de vos activités perd en efficacité, tentez de la relancer en mettant le paquet. Si les résultats ne suivent pas, trouvez autre chose, ne perdez pas de temps et d’argent sur des produits qui ne marchent plus !
La décision fût difficile, ces petits lutins, dragons et autres fées se sentaient en liberté chez la fée, difficile de les laisser partir ! Ils faisaient en quelque sorte parti de son histoire.
Il est parfois important de changer de cap, pour éviter la noyade. D’autres projets allaient prendre la place des figurines magiques.
Lancement des robes de mariée
Quelques temps après, la fée s’est rendue compte qu’une demande importante de robes de mariée originales et sur mesure existait sur le marché.
Beaucoup de mariées étaient déçues par les boutiques de mariage, pour plusieurs raisons :
- Elles n’aimaient pas être traitées comme des portes monnaie sur pattes,
- Il y avait peu de choix sorti des robes blanches toutes identiques,
- Elles trouvaient parfois du « made in China » vendu au prix de la création sur mesure,
- Elles subissaient un véritable vol organisé sur les accessoires de mariage, surfacturés,
- Elles les poussaient à commander plus de 6 mois à l’avance (eh oui, il faut lancer les fabrications en masse par des enfants chinois dans des usines aux conditions de travail déplorables…C’est un peu cliché mais souvent vrai malheureusement).
Je me souviens encore du stress de la fée à cette époque. Elle avait décidé de sillonner la France pour faire les essayages de ses robes de mariée elle-même !
Paris et Lyon notamment, où une demande existait.
Robes artisanales et sur mesure
Des robes créées sur mesure, au goût de la cliente, fabriquées de façon artisanale et en France par la fée elle-même.
Elle a donc lancé le concept, et elle dessine et fabrique plus de 35 robes de mariée artisanales par an depuis.
Pas mal non ?
Communication et marketing
La communication de la Fée a toujours été différente de ce qu’on a l’habitude de voir.
Nous avons essayé beaucoup de choses, puis gardé ce qui marchait et laissé de côté le reste, quelques exemples (pas de vérité universelle, simplement ce qui marche ou pas pour notre activité).
Les flops :
- Les salons du mariage : beaucoup de travail, chers et inefficaces… Vous êtes noyés dans la masse,
- La distribution de flyers, cher et inefficace.
Les tops :
- Internet : 80% du CA vient du web grâce au référencement naturel et à la promotion sur Facebook,
- Au départ, les marchés artisanaux ont été très intéressants. (Le souci à long terme reste le placement pas toujours concluant et c’est une activité très chronophage),
- Le bouche à oreille : on l’obtient en bichonnant ses clients, ce n’est pas cher et très efficace,
- L’upselling : Lorsqu’un client achète, toujours lui proposer un produit en plus (qui correspond au produit acheté). Exemple : le fameux jupon en plus de la robe de mariée.
Le départ ne fut pas sans problèmes. Comme tout nouveau lancement d’activité, elle venait en quelque sorte de lancer une entreprise dans l’entreprise.
On a beau réaliser une étude de marché, se renseigner et se poser des questions, on n’est jamais suffisamment préparés à ce qui nous attend.
LA véritable différence de la fée
Un élan de sympathie a vite entouré les créations de la fée.
Le « sur mesure », fabriqué en France et fait main sont des arguments qui plaisent beaucoup dans un monde où tout est devenu identique, sans saveurs et sans aspérités.
Depuis les années 60 et l’avènement du « Fordisme », tous les magasins se ressemblent, les produits sont les mêmes partout, plus rien ou presque ne se différencie.
On recherche autre chose, un retour aux sources, plus d’authenticité.
Ceci explique en partie le succès de la Fée Corsetée (et de beaucoup d’entreprises qui pensent « différemment »)
Le manque de moyens financiers nous a obligé à innover, et à réfléchir à des moyens alternatifs de promotion. Il était hors de question de faire de la publicité payante dans les journaux, à la radio ou la TV, et c’est tant mieux.
Des infos ici si vous voulez vous aussi faire la différence.
Pas de pétrole mais des idées !
Je me suis rendu compte après coup que c’était en réalité une chance d’avoir peu d’argent, car cela oblige à être créatif. Je vois encore aujourd’hui beaucoup d’entreprises investir n’importe comment leur argent dans des moyens de promotion inadaptés et coûteux.
Beaucoup d’idées reçues sont encore ancrées dans les têtes : il faut beaucoup d’argent, il faut de la pub de partout…
La réalité est toute autre : Il faut être malin, il existe des moyens de faire parler de soi de manière bien plus efficace et peu chers.
Facebook est un bon levier, mais pas toujours
Internet en fait partie, bien entendu, même si ce n’est pas l’eldorado qu’on nous présente partout.
Facebook est, par exemple, un outil qui, bien utilisé peut faire des merveilles.
Nous avons plus de 17000 fans sur la page de la Fée et ils sont pour la plupart actifs et apprécient vraiment son travail. Cet outil permet de créer une vraie relation entre la créatrice et ses clients.
La différence est énorme, prenons un exemple complètement différent :
Vous avez acheté une nouvelle imprimante, et elle refuse de fonctionner avec votre ordinateur.
La hotline de la marque est fermée ce jour-là, vous devez imprimer un document au plus vite.
Vous avez le choix entre deux réparateurs informatiques:
L’un d’entre eux n’a pas de site internet, vous avez juste son numéro de téléphone et son nom sur le bottin téléphonique.
L’autre a un site internet, un blog où il aide gratuitement les gens, montre des photos de son atelier de réparation, partage sa vie d’entrepreneur avec ses clients sur Facebook. Vous avez accès à des témoignages de ses clients, sa photo, son histoire (et vous avez aussi son numéro).
Vous appelez qui ? Le deuxième bien sûr !
Voilà la puissance d’une présence réelle et humaine sur internet.
Ne pas être seul
En effet, la Fée a pu se concentrer sur son métier, la couture, car j’étais là pour m’occuper de la communication, du site internet, du contact avec les partenaires…
De vraies discussions régulières nous ont permis d’avancer, doucement mais surement, vers la réussite, ce point est crucial.
Un entrepreneur seul ne peut pas tout faire bien, c’est impossible !
C’est aussi cela l’intérêt de développer ses affaires sur internet, la mobilité géographique devient bien plus importante et facile.
Là où une boutique classique est liée à sa ville, une boutique qui génère un chiffre d’affaires important grâce à internet peut déménager plus facilement sans perte de CA et « sans » risque.
Changement de vie !
Un jour, alors que tout se passait bien pour la fée, j’ai reçu une offre d’emploi dans le sud de la France difficile à refuser.
Un véritable dilemme s’est donc posé.
Jolie anecdote à ce sujet : J’appelle ma compagne et lui dit : « Il y a une offre d’emploi qui me conviendrait vraiment dans les alpes maritimes, à Grasse. Je postule ? »
Elle me répond : « Vas-y, pourquoi pas ! ».
En réalité, et elle ne me le dira que plus tard, elle ne croyait pas que je puisse postuler à une offre si loin, et qu’il y avait donc très peu de chance que je sois pris.
Lorsqu’elle est rentrée le soir à la maison, et qu’elle a lu l’offre d’emploi, elle est tombée de sa chaise.
La description du poste et de l’employé recherché était exactement mon profil, à se demander s’il ne me recherchait pas nommément !
Nouvelle vie dans le sud de la France
J’ai donc réalisé mes trois mois de période d’essai là-bas, seul. Puis, le moment du choix est arrivé.
La fée a accepté de me suivre là-bas, car plus de 80% de ses commandes étaient générées par internet, grâce à nos travaux acharnés à ce sujet.
Les clientes étaient présentes dans toute la France, mais principalement à Paris, Lyon et Limoges.
Nous avons vérifié que ces villes étaient assez faciles d’accès de Cannes ou Nice avant de prendre cette décision.
C’est aussi cela l’intérêt de développer ses affaires sur internet, la mobilité géographique devient bien plus importante.
Là où une boutique classique est liée à sa ville, une boutique qui génère un chiffre d’affaires important grâce à internet peut déménager plus facilement sans perte de CA et « sans » risque.
Des débuts difficiles dans le sud
Les débuts dans le sud ont été difficiles pour la fée. Impossible au départ de trouver un local avec un loyer raisonnable et un bon emplacement. Elle a donc pendant plusieurs mois élu domicile dans le salon de notre appartement !
On pense souvent que de travailler à domicile, c’est facile.
Pour la Fée, ce fut un véritable calvaire. Perte de motivation, boule au ventre permanente et autres joyeusetés.
Nous avons donc pris le taureau par les cornes et cherché sans relâche un nouveau local.
A la recherche d’un nouvel atelier
A l’époque, nous étions à Grasse, à environ 20km au nord de Cannes.
J’étais salarié dans une agence qui proposait la création et le référencement de sites internet, et qui, nous ne le savions pas encore, était en grande difficulté financière.
On pensait donc installer le nouvel atelier de la Fée à Grasse, dans cette petite ville assez calme et tranquille.
Le centre historique de cette ville était en pleine reconstruction, et nous avions eu une proposition qui semblait intéressante de la part de la mairie.
Un local refait à neuf, dans une rue refaite elle aussi, dans un quartier en plein renouveau.
Pendant la réalisation des travaux de la boutique, nous décidons d’y passer à l’improviste, et nous découvrons un point très désagréable : La boutique prend l’eau quand il pleut !
Après avoir discuté avec d’autres commerçants du coin, nous prenons la décision de laisser tomber.
Avec le recul, nous avons bien fait, vous allez comprendre pourquoi…
La Fée arrive à Cannes
Nous avons continué les recherches, et trouver un local intéressant pour la fée au Cannet, au-dessus de Cannes. Toujours les mêmes critères « abusifs » pour beaucoup, mais normaux pour nous : Une vraie location, pas de droit au bail ou de pas de porte (frugalité).
Il était propre, plus grand que celui de Limoges et avait un avantage de poids, de grandes vitrines, idéales pour présenter des robes de mariée !
Son défaut : Peu de passage de piétons devant, mais la fée cherchait plus un atelier de travail qu’une boutique.
Pendant plusieurs mois, elle a pris le bus de Grasse au Cannet pour aller à son nouvel atelier.
Ce n’était pas facile, mais tellement plus agréable pour elle que de se morfondre dans notre appartement.
Pour lui faciliter la tâche, nous avons décidé de nous trouver un appartement à Cannes, et de devenir propriétaire.
Cela lui évitait de devoir passer plus d’une heure par jour dans les transports, ce qui n’est pas négligeable.
L’épisode RSI, l’enfer
Pendant cette période, la Fée a changé de statut juridique et de région entre le limousin et la région PACA. C’est à ce moment-là que les problèmes avec le RSI ont commencé. Cet organisme, qui collecte les charges sociales (santé, retraite..) pour les petites entreprises, a fusionné avec plusieurs autres services.
Complètement désorganisé et inefficace, ce service a considéré que la fée avait créé une nouvelle entreprise dans le sud, et devait donc payer deux fois ses charges sociales…
Nous recevions sans cesse des relances pour impayés, un vrai cauchemar.
Toutes les semaines, nous étions obligés de les appeler, et de les entendre dire : « Tout va bien de notre côté, vous êtes en règle ».
Après plusieurs mois de combat, de courriers recommandés, d’appels téléphoniques, nous avons enfin réussi à leur faire entendre raison.
C’est inadmissible. Un entrepreneur a déjà assez de galères quotidiennes à gérer, pour qu’un service administratif en ajoute encore ! Je comprends que nous ayons des milliers d’entreprises qui jettent l’éponge, il faut être très fort parfois pour ne pas tout casser.
« Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort », c’est ce qu’on dit !
Cette nouvelle vie et ce nouvel atelier ont amenés un vent nouveau et ont permis de développer encore les activités de la petite entreprise.
Quelques questions se sont alors posées…
Se développer ou rester petit ?
Une boutique en ligne dédiée aux accessoires de mariage est née, et la page fan sur Facebook est devenue le centre principal de la communication de la Fée.
Une véritable communauté s’est formée autour d’elle et permet aujourd’hui de voir l’avenir avec sérénité.
Les idées continuent d’éclore de toute part, certaines sont excellentes, d’autres moins bonnes, mais elles permettent toutes d’avancer progressivement vers le succès.
La petite entreprise arrive assez rapidement à une période charnière de réflexion autour d’un point précis :
Nous arrivons aux limites de la production, la fée réalisant elle-même toutes les créations.
Que faire pour aller plus loin et développer encore La Fée Corsetée ?
Le développement d’une entreprise est une étape cruciale, où on doit éviter de se tromper. Arrivé à un certain niveau, on doit choisir entre : rester petit et « tranquille » ou se développer et prendre de vrais risques.
Plusieurs choix s’offraient à elle :
- Embaucher du personnel : option toujours écarté, pour plusieurs raisons. Les principales étant la difficulté à apprendre à quelqu’un d’autre ce savoir-faire précis et les coûts engendrés pour la petite structure,
- Développer d’autres activités : Pas mal d’essais réalisés sans réel succès pour le moment. Un club est en cours de test et pourrait être une solution,
- Créer une ligne de vêtements fabriqués en usine, avec plusieurs contraintes évidentes: hors de question de faire fabriquer à l’étranger (respect de notre éthique « Made in France »), le coût de fabrication et impossible de commander de grosses quantités d’un coup.
Une usine en France
La recherche d’une usine française fabriquant encore des produits textiles n’est pas une mince affaire, beaucoup ont disparu!
Nous avons écumé le web français, et trouvé quelques petites usines de fabrication.
La plupart nous a indiqué ne pas pouvoir ou vouloir réaliser ces articles.
Pour survivre, ils se sont souvent spécialisés dans un type de vêtement précis voire même associé à un créateur de renom.
Nous finissons par en trouver une, une équipe agréable et sympathique. Elle cumule les avantages : fabrication en France, acceptation des petites commandes en volume, ouverte à la production d’un vêtement qu’ils n’ont jamais réalisé.
La gérante nous demande de leur fournir tout un dossier sur le produit voulu : prototype, tissus, tailles, gamme de fabrication…
Quelques temps plus tard, nous recevons leur proposition. Au départ, nous sommes très enthousiastes, et pensons que nous allons pouvoir nous lancer.
Malheureusement, une fois tous les calculs effectués, on s’aperçoit que nous serons soit bien trop cher, soit avec une marge quasiment inexistante, impensable pour une entreprise !
Nous comprenons parfaitement que la petite usine française ne puisse pas faire mieux, mais nous ne pouvons pas accepter ces conditions, ce ne serait pas une bonne idée.
Peut-être nous fallait-il une autre idée en attendant de trouver mieux ?
Le club fée corsetée
Nous nous sommes rendus compte récemment que beaucoup de nos fans Facebook aimeraient s’offrir des produits, mais étaient intéressés par un paiement étalé. Nous étudions donc, avec elles, la meilleure formule.
Après plusieurs mois de travail avec nos fans, nous avons mis sur pied le Club Fée Corsetée.
Le concept est simple : proposer un abonnement mensuel aux clientes qui souhaitent recevoir régulièrement des produits fabriqués par la fée. Ainsi, elles étalent leurs paiements, font des économies et permettent à la fée de produire pendant les périodes « creuses » (hors période mariage).
Lancement d’un nouveau produit grâce à Ulule
Eté 2013, la fée a envie de développer un autre produit en plus des corsets, serre taille et robes de mariée.
Elle pense à un sac 2 en 1.
Il s’agit de Mon Sac by La Fée Corsetée.
Comme chaque projet, il se fait avec les avis des fans de la page Fécebook. Il se compose d’une base sur laquelle un plus petit sac aux motifs changeants vient se poser.
La base étant toujours la même et fastidieuse à confectionner nous revoilà partis dans le démarchage d’entreprises françaises. Une est trouvée, des tarifs sont posés et afin de commander une série de 100 pièces nous lançons une campagne Ulule.
La Fée fera les sacs escamotables, plusieurs modèles, plusieurs motifs et l’entreprise les bases. Commander pour 100 sacs représente une belle somme et afin d’être les plus sûrs de notre choix une campagne de crowfounding voit le jour.
C’est un succès, nous avons dépassé allégrement le seuil nécessaire et un grand nombre de sacs sont pré-commandés pour un total dépassant les 10 000€.
6 ans plus tard, le site du sac existe toujours, la fée ne s’en occupe pas trop, mais il y a quelques ventes enregistrées chaque mois. Elle souhaiterait le faire évoluer, lui donner une deuxième vie. Le projet est là, dans la tête, à portée de doigts et des aiguilles…. à suivre donc !
2014, le projet Little pretty dress est né !
En 2014 me vient une idée pour proposer des produits plus simples et sur lesquels j’allais encore plus m’amuser : les little pretty dress !
Il s’agit de petits ensembles composés d’un corset et d’une petite jupe qui tourne. Vous pourrez reporter les deux éléments indépendamment.
Retour à Limoges
Le sud, c’est magnifique, mais la famille de la fée étant à Limoges, l’éloignement se fait ressentir et tout en gardant notre pied à terre de Cannes, nous voilà repartis à Limoges.
Depuis quelques années, la fée n’a plus pignon sur rue car une boutique apporte beaucoup de contraintes pour quelqu’un qui a besoin de ses journées pour travailler derrière la machine à coudre, le ciseau à la main.
Des clients ou surtout des passants l’interrompent régulièrement et il est difficile de s’organiser.
Alors, le choix est fait de ne plus prendre une boutique mais de créer un atelier showroom.
Les clients ont l’habitude de prendre rendez-vous pour rencontrer la fée. Cela devient une obligation à présent. Ma compagne travaille beaucoup plus sereinement ainsi. Limoges ou Cannes, ce n’est pas trop un souci pour son activité, internet l’emporte toujours aux quatre coins de la France suivant les demandes. Et finalement c’est bien ce qu’elle défend : le Made in France. Du coup, la région où se trouve sa machine importe peu.
2016 – 2017, nous fêtons les 10 ans !
Pour marquer cet anniversaire, nous décidons d’organiser des réunions type « Tupperware » pendant lesquelles la Fée arrive dans le salon des hôtesses avec une grosse valise de création.
Cela permet aux filles d’essayer, de rencontrer la créatrice qu’elles connaissent pour certaines depuis une décennie sur internet. Une 15aines de réunion ont lieu, de Lyon à Lille, en passant par Toulouse ou Tours.
C’est une belle réussite qui a permis de renforcer les liens de la communauté.
2019, quoi de neuf ?
Nous sommes en 2019, l’atelier est toujours basé à Limoges, la fée vadrouille toujours sur le territoires et les clientes viennent également à elle d’un peu partout.
Chaque saison a son lot de questions, d’incertitudes. Créer son entreprise est « facile » mais la faire durer est plus difficile.
Le challenge est là.
On parle beaucoup des 3 premières années mais les suivantes sont aussi des batailles.
En 2012, la fée a pris 15 jours de congés d’affilés, c’était une première. Maintenant une nécessité.
La réussite est une chose, et n’est jamais acquise, cependant il faut savoir se préserver car on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Il faut suivre le mouvement, les opportunités mais garder ses convictions.
Ma compagne ne souhaite pas devenir une multinationale, elle a fait le choix de rester petit tout en vivant (et non en survivant) de son travail-passion.
Il faut se renouveler, avoir le petit calepin où noter ses idées et parfois revenir à ses premières amours.
Depuis 2 ans, elle refait quelques festivals fantastiques pour se replonger dans cet univers onirique qui a fait naître son atelier, celui des fées et des lutins … celui qui a apporté les premières clientes, les premières fidèles sans qui il n’y aurait pas cette folle aventure.
2020, grande crise mondiale
Depuis Mars 2020, le monde a changé. Le coronavirus a détruit et va détruire des millions d’entreprises à travers le monde. La fée a dû s’adapter : tous les mariages sont ANNULES ou reportés.Elle a eu de nombreuses demandes d’associations pour fabriquer des masques, elle n’a fait que ça pendant plus de 2 mois… C’était dur, mais nécessaire, pour aider mais aussi pour survivre.
Cela tombe mal : elle venait de reprendre un local au centre ville de Limoges et avait prévu de lancer des cours de couture et un escape game…. La vie d’un entrepreneur !
Retrouvez la fée et son atelier sur son site, sa boutique en ligne et sa page Facebook.